Le jeu est une activité humaine essentielle et inhérente à ceux des mammifères qui, comme nous, naissent immatures et dépendants et doivent donc apprendre les comportements, non instinctifs, nécessaires à leur survie. Car, comme l’explique le psychobiologiste Peter Gray, jouer, c’est apprendre tout ce dont un individu a besoin pour s’adapter à son environnement. Jouer est donc vital pour les enfants, ce qui contredit l’idée que le jeu serait une activité, superficielle voire inutile. Le jeu constitue des espaces d’expérimentation de la créativité de chacun et de ses interactions avec autrui et le monde. Toutefois, bien que naturelle et spontanée, l’activité ludique s’est incroyablement sophistiquée dans nos sociétés humaines modernes. Tout d’abord, le jeu n’échappe pas à la « genrisation » des tâches humaines : les filles jouent aux poupées et les garçons aux voitures. Cette genrisation exploite une des caractéristiques du jeu qui est l’imitation des comportements des adultes et le jeu devient alors un mécanisme de conditionnement et de reproduction du sexisme culturel. La tendance naturelle des enfants à jouer est exploitée à diverses fins de conditionnement : ainsi ont été créés les jeux dits éducatifs qui permettraient d’obtenir de la part des enfants des apprentissages de savoirs et de compétences qu’ils ne souhaiteraient pas naturellement acquérir, ce qui peut sembler être un genre de manipulation. Dans ce dossier consacré au jeu, nous en envisagerons divers aspects et enjeux : des jeux de rôle aux jeux vidéo en passant par les jouets et jeux « nature » et le jeu « sans jouet », du jeu pour désamorcer les conflits et du jeu comme facteur de lien entre enfants et parents, du jeu comme logique de la découverte, comme méthode d’investigation d’un espace aussi bien physique qu’abstrait, du jeu comme expression pure de notre liberté et de notre créativité, du jeu comme mode d’être au monde. Le tout couronné par un entretien avec le plus grand avocat du jeu qu’est Pascal Deru.
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